Comment cette méthode permet-elle de mettre en place une pratique artistique régulière et détendue ?
Chaque étape de l’apprentissage de la méthode a été soigneusement mise en place dans un but précis : permettre d’entrer dans un état de présence et de concentration qui génère du bien-être, tout en produisant une réalisation graphique agréable à contempler. Je vais essayer dans cet article de vous expliquer comment la méthode permet d’entrer dans cet état spécial, où vous êtes totalement présent à ce que vous faites, où le temps semble s’arrêter, état auquel on fait référence sous le nom de flow, et qui est très semblable à la façon dont les enfants peuvent être investis dans une activité.
Le zentangle est facile à mettre en place
Le zentangle n’est evidemment pas la seule voie artistique qui peut mener à cette état de flow. C’est cependant une façon très accessible d’y parvenir ! Voici pourquoi :
- Vous n’avez pas besoin de savoir dessiner, d’utiliser un modèle, de vous préoccuper de la perspective ou de la ressemblance pour trouver du plaisir à dessiner et obtenir un résultat plaisant
- Vous n’avez besoin que de très peu de matériel : Papier, stylo, crayon de graphite, estompe
- Vous n’avez pas besoin de beaucoup d’espace, le matériel est transportable facilement
- Vous n’avez pas besoin de beaucoup de temps pour remplir une tuile zentangle… Ce qui répond à la plupart des obstacles qui empêchent de se mettre à la pratique artistique !
Les étapes de la méthode
Au tout début de l’apprentissage, il est conseillé de suivre les huit étapes de la méthode. On peut s’en affranchir plus tard (bien qu’il soit intéressant d’y revenir de temps en temps !), mais au début cela crée une sorte de rituel. De façon comparable à la méditation, instaurer un rituel vous met dans l’état d’esprit approprié; Au bout d’un certain temps de pratique, des connexions se mettent en place et votre cerveau sait ce qu’il va se passer. Cela rassure la partie reptilienne du cerveau, permet d’amorcer la détente, donne de la disponibilité. Chaque étape a donc son importance :
- Gratitude et appréciation, pour ce moment que vous vous accordez, pour la méthode, pour le matériel. Les créateurs de la méthode insistent sur l’idée qu’il est important de vous procurer le meilleur matériel possible, d’en apprécier la qualité, de traiter avec respect ce matériel, ce moment, vous-même.
- Dessiner quatre points au crayon, dans chaque coin de votre tuile. Ce simple point de départ permet de lever la crainte de la page blanche.
- Relier les quatre points va délimiter un espace, un cadre où dessiner. Vous êtes encouragés à considérer ces lignes comme des repères et non comme des limites rigides. Les motifs que vous allez dessiner peuvent dépasse, vous verrez avec la pratique que certains vous y invitent !
- Dessiner une ficelle, un trait au crayon qui délimite des espaces plus petits dans le carré tracé précédemment. La ficelle se dessine de façon spontanée, intuitive en quelques secondes. La ficelle va donner une base à la composition sans que vous ayez à y penser. Elle vous guide, mais ne vous contraint pas, la délimitation en petites sections aide à réduire la peur de dessiner.
- Tangler ! Les tangles sont faits de traits simples, peuvent être décomposés en étapes, sont non représentatifs; Il en existe plus d’une centaine, il vaut mieux se limiter à quelques tangles au début et prendre plaisir à les dessiner le mieux possible qu’en connaitre beaucoup. L’idée est plutôt de se concentrer sur chaque trait, un à la fois, lentement, en visant le meilleur trait que vous pouvez faire dans l’instant. C’est souvent là que les moments de flow vont commencer à s’installer.
- Ajouter les ombres : Cette étape va donner du relief et de la profondeur au dessin. Elle se fait avec un crayon de graphite et une estompe; Pour les créateurs de méthode les considérations telles que la source de la lumière, les ombres portées sont des éléments qui vont interférer avec le flow, en amenant trop de réflexion. La principale considération sera que ce qui est foncé recule vers l’arrière plan, ce qui est clair passe à l’avant plan; Certains czt prennent en compte la source de lumière dans la recherche d’un effet tridimensionnel, ce qui est une façon intéressante de faire évoluer sa pratique une fois les bases intégrées.
- Signer fait partie intégrante de la méthode. C’est donner de la valeur à la mini oeuvre d’art qu’on vient de créer, c’est aussi s en reconnaitre l’auteur. Vous pouvez chercher une façon créative d’associer vos initiales, d’imaginer votre signature. C’est vous l’artiste !
- Prendre le temps d’apprécier à nouveau. Contemplez votre production, tenez la à bout de bras, tournez votre tuile … C’est le moment de la bonne surprise :Vous pouvez créer quelque chose qui vous plait !
« no mistake » en zentangle !
Si vous pratiquez régulièrement, vous allez vous sentir de plus en plus à l’aise avec la méthode, et vous aurez probablement envie d’y ajouter votre touche personnelle. La méthode est une base qui vous donne confiance en vous et en vos capacités de créer. Vos traits vont s’améliorer, devenir plus assurés, vous aller oser suivre vos intuitions et vos envies, mais aussi apprendre à gérer les problèmes de façon créative, ce qui m’amène à la notion du « no mistake » en zentangle. à savoir l’idée qu’une erreur n’est qu’une nouvelle opportunité.
En effet, il peut arriver , notamment sur certains tangles complexes demandant beaucoup de concentration, de se tromper. Plutôt que de mettre de côté la tuile, la méthode vous encourage à intégrer l’erreur et modifier le rendu final. C’est l’occasion de se montrer créatifs et d’imaginer une autre façon de poursuivre votre oeuvre. Vous serez quelquefois surpris de constater que le résultat est encore meilleur avec l’erreur, qui vous a poussés à imaginer quelque chose de nouveau !
Il est intéressant de noter que les fondateurs du zentangle en font une métaphore de la vie « no eraser in life » : dans la vie, on n’a pas de gomme ! Cela me fait penser à une notion qu’on utilise pour parler des activités thérapeutiques, la notion de transfert des compétences. De façon simplifiée, une compétence que vous sollicitez régulièrement lors d’une activité (de loisir par exemple) s’intègre et peut être utilisée dans d’autres domaines de votre vie. Considérer l’erreur sous un nouvel angle permet d’envisager que dévier de ce qui était prévu est parfois une opportunité. Modifier le regard que l’on porte sur les choses développe de nouvelles capacités.
Un tangle est souvent utilisé pour illustrer le « no mistake »et comment repartir dans une nouvelle direction, c’est bronx cheer, qui vient recouvrir une zone que vous ne voulez pas garder. Je vous propose ici à titre d’illustration ce que nous avons fait lors du séminaire de formation auquel j’ai participé : Bronx cheer en couleurs inversées sur un mordeau déchiré !
Sur ce dessin également, je n’aimais pas la zone à gauche, j’ai utilisé bronx cheer, que j’ai employé à nouveau ailleurs pour plus de cohérence :